Il prend le train de 6h23
Comme d’habitude
Il aime ce départ
De sa banlieue éloignée
Qui a encore le goût des oiseaux
des cloches d’église
Et des paysages sagement faits
Il ne parvient pas à lire
Il contemple
Derrière l’entremêlement
D’arbres encore noirs
Et douloureux de nuit
Se profile le soleil tout blanc
Des premières naissances
Dans le wagon à étage
Les gens sortent peu à peu
De leur ombre
Des visages se dessinent
Dans le lointain
Les gratte-ciel
Sous les brumes en haillons
Sont encore sans tête
Est-il le seul
A regarder au dehors
A regarder
Le temps qui défile
La sortie de terre
Des couleurs humides
Comme tout cela va vite
Et pourtant le train s’arrête
Repart, se remplit
Joue
A faire le manège
Des joies enfantines
Les gens dorment, lisent, rêvent
se regardent si peu
L’air mûrit
Les couleurs d’un instant
Commencent à se répandre
Dans un ciel
Devenu clair
Des couples entrent
Se bécotent un temps
Sortent
Et lui a des envies
Le train entre dans la ville
Avec sa terre sans terre
Son ciel sans ciel
Ses humains pressés
D’être eux-mêmes
Et si peu les autres
Là-bas
Le long du fleuve
Impatient de continuer
Son chemin
Des familles promènent
Leur existence passagère
Le train lui semble accélérer
Sa cadence
Devenir plus brutal
A quelle station devait-il déjà descendre
Il cherche dans sa mémoire
Pendant que le wagon
Se vide
Il ne reste bientôt que
Des personnes âgées
Et du paysage
Qui devient un peu flou
Et des arbres des parcs
Qui s’orangent, jaunissent
Lui n’arrive pas
A se lever
Il continue de regarder
Au bout de la ville
Il le sait
Il y a l’hiver
Il arrivera sans doute
En retard
Mais est-ce bien grave ?
Michel Johann Lefranc
Téléchargé par Minacat le 13 jun 08 à 9:51 (CEST).
mardi 8 avril 2008
Le train
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