Lell se réveilla soudain
Il y avait comme un vent immobile, un de ces vents qui n’en est pas mais qui ne peut être désigné autrement.
Au dehors tout était pareil et pourtant différent. Il y avait une étrangeté dans chaque atome, une altération. Certes, c’était bien le printemps, mais un printemps hors norme, comme un printemps passé par un automne et un hiver qui auraient laissé leurs traces.
Certes les oiseaux chantaient toujours mais sur un mode mineur, plus discrètement, de façon presqu’incertaine. Les arbres étaient bien là avec leurs crinières de feuilles. Pourtant , comment dire, pensait Lell, toutes jeunes encore, elles portaient sur elles, en elles de la lassitude.
L’air lui-même n’était pas lui-même ; on n’ y sentait plus la richesse, la densité des millions de messages invisibles, l’envie de vivre . C’était comme si le paysage, n’en pouvant plus d’être ce qu’il avait été, voulait rentrer chez lui et se terrer.
Et la mer ? Lell se disait qu’elle avait dû prendre un nombre incalculable de rides. Elle croyait même entendre le son des vagues, un son rauque, comme une lamentation.
Et les rues. Lell examina la sienne. Elle lui parut sensiblement plus petite, plus étroite ; Elle s’était comme recroquevillée. Elle avait même l’air de ne pas vouloir s’ouvrir à une autre rue, à un autre trottoir , de vouloir s’arrêter là.
Et les humains, en cette heure précoce, ils n’étaient que silhouettes grises
Lell eut l’intuition soudaine que le temps avait pris de l’âge, que la saison avait vieilli .
Michel Johann Lefranc
jeudi 10 juillet 2008
Lell
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