A chaque instant je crois entendre tes pas (...)
Je suis murée de solitude et ce silence opaque m'inquiète. Voici déjà le crépuscule aux vitraux de la salle d'armes. Quand vient le soir, aux heures de doute et de lucidité, on aime sentir autour de soi les présences ancestrales. La nuit gagne les tapisseries, les coffres, les livres d'heures. Je ne sais pourquoi un absurde pressentiment m'obsède. L'horloge sonne, comme ce coeur qui cogne, à coups sourds, dans ce corps frêle que la pesanteur angoisse. (...)
Que signifie ce retard ? Attendre, tenaillée d'angoisse, attendre et jusqu'à quand ? Seule dans cette salle où telle une alchimiste j'inventais une poétique du songe ! A quoi bon ces métamorphoses ? J'ai peur que le jour sans toi ne se lève. Tout est tristesse d'âme sous les chênes centenaires. (...)
L'horloge sonne. Quand finira ce cauchemar ? A te perdre, je ne te sentirais pas menacé. Mieux vaut l'oubli que cette hantise de mort qui cerne ton visage ! Je déraisonne. Dans un instant tu seras là, avec ton impatience d'enfant. Tu me diras tes doutes, tes révoltes, tes chimères. (...) Et nous fêterons les nuits vertes aux lucioles de l'été ! (...)
Une aube gorgée d'eau et de brumes tente de naître, une aube de Toussaint sur un cimetière abandonné, indécise poussière d'albâtre au goût de cendre qui flotte ainsi qu'un suaire, entre les tombes, dans l'air glauque. C'est l'heure inquiète, échange d'instinctives tendresses qui peuplent les rêves de clair azur, de sables fauves, d'algues vertes, d'océans de feu, de soleils jaune canari et de fabuleuses caravelles à proue de cristal.
Le jour est funéraire. Dans ce monde sans âme, tant de souvenirs conspirent à rendre sensible l'évanescence de la vie. Tout est morne, décor insolite de buis, de croix, de pierres...
Je reste seule, vie dérisoire.
Hautecombe
mardi 12 février 2008
Le visage
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